Maquereau : La crise se durcit sérieusement entre l'Europe et l'Islande
Il est de plus en plus vraisemblable que le maquereau islandais (et celui des
îles Féroé) va être interdit d'exportation vers l'Europe. Cette mesure fait
suite à l'auto attribution par Reijkavik d'un quota de 130 000 tonnes en 2010 et
de la revendication de 147 000 tonnes pour 2011.
Le problème est que cette sanction n'en est pas une car, au vu de la demande
mondiale de poissons, les mareyeurs islandais n'auront aucune difficulté pour
écouler leur maquereau rejeté par Bruxelles sur le marché mondial (Fédération de
Russie et Chine notamment). Pour être efficace, il aurait fallu que l'Europe
aille jusqu'à interdire la morue islandaise mais, à la seule évocation de cette
hypothèse, c'est toute le secteur européen de la transformation qui a hurlé…
Cette décision ne va pas arranger la candidature islandaise à l'adhésion à l'UE,
mais d'un autre côté la fermeté des autorités islandaises sur les quotas a été
plébiscitée par une majorité de l'opinion publique. Et c'est ainsi que le
poisson se trouve une fois de plus au centre d'enjeu non plus de géopolitique
internationale mais de politique intérieure!
Islande encore: Certification internationale sur la gestion de la morue
En contradiction apparente avec son appétit dévorant sur le maquereau (voir
article précédent) l'Islande vient de voir sa pêcherie de la morue certifiée par
Global Trust Certification
Les armement morutiers islandais se voient ainsi récompensés pour le caractère
durable de l'exploitation des stocks, ses procédures de gestion et son adoption
d'une série de bonnes pratiques.
Il faut préciser que le poisson arrive en tête des exportations dans la balance
des paiement islandaise. C'est pourquoi, depuis plusieurs années, l'obtention
d'une telle certification internationale était un objectif prioritaire pour les
autorités islandaises, notamment en raison du dynamisme des norvégiens pour
promouvoir leurs produits dans le Monde entier.
L'écosse accélère le pas vers les quotas de capture
Le gouvernement écossais vient de débloquer une enveloppe de 400 000 livres
sterling pour financer l'achat de caméras de vidéo surveillance qui seront
embarquées à bord des bateaux de pêche. L'idée est de proscrire tout rejet en
mer : L'application des quotas ne serait plus mesurée sur le quai à l'arrivée du
bateau mais sur le pont sur les zones de pêche et tout poisson capturé serait
débarqué.
La Commission croit beaucoup en ce changement et a même mis en place des bonus
de quotas pour les pêcheries qui se jetteront les premières à l'eau. Et la prime
n'est pas négligeable : + 12% sur la morue pour 34 bateaux écossais qui
acceptent de ne plus rejeter et d'avoir des caméras à bord pour vérifier que cet
engagement est tenu. L'Écosse a saisi la balle au bond.
Pour illustrer l'enjeu en 2009 les débarques écossaises de poisson blancs ont
atteint 60 000 tonnes (68 millions de livres sterling) alors que les captures
s'élevaient à 88 000 tonnes (101 millions de pounds); les rejets ont donc
atteint un tiers de la capture totale!
Le dispositif mis en place par Bruxelles vise à réduire à zéro ces 33 000 tonnes
de protéines vivantes qui ont été rejetées mortes sur les zones de pêche et
accessoirement de récupérer une partie de ces 33 millions de livres ainsi
gaspillées.
Matsuri labellisé "Friends of the seas"
La chaine française de restaurants de sushis (11 points de vente depuis 1986) a
reçu sa labellisation pour avoir remplacé le thon rouge par de l'albacore. Le
communiqué de presse diffusé à cette occasion précise que cette distinction
s'inscrit dans une démarche globale de réduction des impacts environnementaux du
groupe. Les rejets de CO2 auraient ainsi diminué de 16% et le groupe aurait viré
au "tout bio" pour le riz. Prochaine étape les emballages…
Quand le
WWF cafouille sur le pangassius vietnamien (drame en deux actes)
Premier acte. En novembre 2010 le WWF publiait une mise à jour de son guide
poisson largement diffusé en Europe. Le pangassius du Vietnam passait du orange
au rouge, ce qui revient à conseiller aux consommateurs de ne plus acheter le
produit. Pour justifier ce déclassement, le WWF faisait état de deux arguments :
la sécurité alimentaire d'une part et les impacts environnementaux de l'autre.
Le panga est le deuxième poisson blanc dans les importation européennes avec 762
000 tonnes en 2009, plus très loin derrière la morue et ses 800 000 tonnes. Aux
États-Unis il fait également partie des espèces les plus consommées et donc les
plus importées. On parle donc ici de centaines de millions d'euros de recettes
pour un des pays les plus pauvres de la planète…L'enjeu n'était donc pas mince
pour les autorités vietnamiennes qui ne sont pas restées les deux pieds dans le
même sabot et ont lancé un lobbying intense dans les grands pays consommateurs
pour demander au WWF de retirer ce qu'elles appellent ses "calomnies" et exiger
des excuses publiques.
Si, dans un premier temps, le WWF a réaffirmé et défendu sa position, il n'a pas
tenu longtemps face à la pression.
15 décembre; Le WWF annonce qu'il revient sur son classement initial pour "accelérer
le processus de certification des fermes vietnamiennes" avec lesquelles il
propose de collaborer. Pressions vietnamiennes? Certes mais pas seulement.
Certaines sources proches du dossier font état de la réaction d'acteur majeurs
du secteur de la transformation au Royaume-Uni pour lesquels le panga constitue
une alternative bon marché à la morue pour certaines préparations. Quand on
connaît l'implantation du panda dans le monde anglo saxon, on peut accorder
quelque crédit à ces mauvaises langues. WWF ne peut se permettre de se voir
accuser de mener une campagne qui pourrait mener à des pertes d'emplois dans un
secteur déja fragilisé.
Tragédie pour la pêche coréenne
Le 13
décembre, le number 1 Unsung, un bateau de 58 mètres et 600 tonnes
construit en 1979, se trouvait en pêche dans les eaux internationales de
l'Antarctique à environ 1 200 milles des côtes néo-zélandaises quand il a coulé
pour une raison non déterminée. Toutefois il a été noté qu'aucun message
d'alerte n'avait été lancé avant le SOS annonçant que le bateau sombrait.
L'avion de la marine néo-zélandaises dépêché sur place pour repérer d'éventuels
survivants a mis 8 heures à atteindre la zone qualifiée de "parmi les plus
inhospitalières du globe". Dans une eau à deux degrés, l'espérance de survie
d'un homme non équipé de veste de survie est estimée à 15 minutes. 22 marins ont
pu être récupérés par deux bateaux coréens et un néo-zélandais qui se trouvaient
sur zone.
L'occasion de rappeler que la pêche est le métier le plus dangereux, loin devant
le bâtiment, avec plus de 20 000 morts par an.