06/01/2010

LA FRANCE VA T-ELLE OUVRIR L'ANNÉE INTERNATIONALE DE LA BIODIVERSITÉ PAR LA CONDAMNATION DU THON ROUGE..ET NICOLAS SARKOZY CLORE SON MANDAT PAR L'EFFONDREMENT DE L'ESPÈCE ?

La France va t-elle ouvrir l'année internationale de la biodiversité par la condamnation du thon rouge..et Nicolas Sarkozy clore son mandat par l'effondrement de l'espèce ?

 

Paris, le 05 janvier 2010. Ce jeudi, la France va décider si elle soutient ou non une inscription du thon rouge à l’annexe I de la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction), en vue de l’interdiction du commerce international de cette espèce, seule possibilité aujourd’hui pour – peut-être – sauver le thon rouge de Méditerranée de l’effondrement.

Cette décision sera déterminante. En effet, si la France soutient cette inscription, elle fera basculer l’Europe, et sans le soutien de l’Europe il y a peu de chance que le thon rouge soit inscrit à l’annexe I en mars prochain.

« Le thon rouge, ce n’est pas Copenhague. Là, il n’y a pas de sénat américain, de croissance chinoise ou de puissants intérêts pétroliers. La décision relève uniquement du Président de la République et du Premier ministre. Uniquement. » affirme François Chartier, chargé de la campagne Océan de Greenpeace France.

Malgré l’engagement du Président Sarkozy, le gouvernement tergiverse

Le Président de la République s’est engagé en juillet dernier, dans son discours du Havre, à apporter le « soutien de la France à l’inscription du thon rouge à l’annexe de la convention internationale sur les espèces sauvages, pour en interdire le commerce ». Depuis, la France a fait marche arrière et n’a pas soutenu, le 21 septembre dernier, la proposition de la Commission européenne qui était que l’UE se joigne à la demande de Monaco d’un classement en annexe I. La France préfèrerait un classement en annexe II (avec un quota zéro d’exportation), ce qui est proprement incompréhensible :

 

 

 

 

 

 

 

Tandis qu’une inscription à l’annexe I permettrait au stock de thon rouge de se reconstituer et d’envisager une reprise de la petite pêche côtière.

 

Société civile et acteurs économiques montrent la voie

Les acteurs économiques sont de plus en plus nombreux à cesser de commercialiser le thon rouge : Auchan, Casino, Carrefour et, depuis le 1er janvier, Relais et Châteaux, suivis par plus de 450 grands chefs de réputation internationale.

Alors Monsieur le Président, serez-vous avec les grands chefs français et les grands groupes français de la distribution ?

Quels sont les vrais enjeux ? La sauvegarde du thon rouge ou les intérêts économiques à court terme et les intrigues politiques locales ?

« Sauver in extremis un géant des mers avec lequel l’homme entretient une relation de pêche
5 fois millénaire, et garder la possibilité d’ici quelques années de réouvrir une pêche durable pour nos pêcheurs artisans ? Ou ne pas se mettre à dos la pêche industrielle, une vingtaine de thoniers senneurs, avant les élections régionales et accompagner l’effondrement de l’espèce ?

Où est le véritable courage politique ? » s’interrogent les deux ONG.

Le contribuable a financé la destruction de l’espèce

« Ces grands thoniers ont déjà été financés pour moitié par le contribuable européen lors de leur construction, ce qui a contribué à la surexploitation de l’espèce. Ils bénéficient aujourd’hui de plan de sortie de flotte, précisément parce que l’espèce a été surexploitée, ce qui paie quasiment l’autre moitié. Il y a de quoi sérieusement s’indigner de l’usage qui est fait des deniers du contribuable. De plus, ces thoniers savent le thon rouge et donc leur activité condamnés et investissent déjà ailleurs. Ils s’en sortiront, le thon rouge et la petite pêche côtière, non », indique Charles Braine, chargé du programme Pêche durable du WWF-France.

La France « à la tête » ou à la traîne de la politique environnementale européenne ?

Dans son discours de clôture du Grenelle de la mer, le Président de la République annonçait : « la France sera, dorénavant, à la tête de la politique environnementale européenne, avec la Commission et le Parlement européens qui sont le moteur de cette politique. Toutes les initiatives de la Commission pour accroître les normes, nous les soutiendrons. »

Le cas du thon rouge est l’occasion parfaite pour la France d’enfin mettre en œuvre l’engagement présidentiel ; et de montrer, sur une question simple, si elle est à la tête ou à la traîne de la politique environnementale européenne.

La lourde responsabilité du quinquennat présidentiel

Les projections scientifiques annoncent un effondrement de l’espèce aux alentours de 2012. C’est donc bien le président Sarkozy et le gouvernement Fillon qui auront eu les dernières chances de sauver l’espèce. Cette chance s’appelle : CITES Annexe I.

Demain, au regard de l’histoire, ils ne pourront pas dire qu’ils ne savaient pas.

 

Alors le thon rouge, tâche noire ou point vert sur le mandat présidentiel de Nicolas Sarkozy ? Le WWF et Greenpeace ne sauraient admettre autre chose qu’un point vert.

Contacts :

Charles Braine, Chargé de programme Pêche Durable WWF-France : 06 24 65 03 13

François Chartier, Chargé de campagne Océan Greenpeace France : 06 84 25 08 28