A l'île d'Yeu, on veut continuer à pêcher le requin-taupe
LEMONDE.FR avec AFP | 17.12.09 | 15h39 Mis à jour le 17.12.09 | 15h39
Le comité local des pêches de l'île d'Yeu, où se trouve la seule pêcherie spécifique européenne de requin-taupe, crie au "scandale" après la décision des ministres européens d'un moratoire pour cette pêche traditionnelle et parle "d'écologie de spectacle".

"On n'est pas dans un problème de stock, on est dans de l'écologie de spectacle, c'est une question de mode, on ne veut plus que l'on pêche le requin en Europe !", martèle Sébastien Chauvet, secrétaire du comité local des pêches de l'île d'Yeu.

Dans l'île, seuls six navires pratiquent encore cette pêche au grand large sur une cinquantaine de bateaux. Mais, cette espèce, souvent commercialisée sous l'appellation veau de mer, représente pour eux 30 à 50 % du chiffre d'affaires.

"C'est une pêche historique, ça fait soixante ans que l'on pêche le requin-taupe à l'île d'Yeu", explique M. Chauvet. "Cette interdiction n'a aucune base scientifique et elle aurait dû s'accompagner de mesures compensatoires", a-t-il considéré. Le requin-taupe est pêché au printemps, pendant environ trois mois, mais "à la place on pêche quoi, avec quels quotas ? On n'a pas de quotas de substitution (...), ça menace la criée de l'île d'Yeu que nous avons déjà du mal à maintenir ouverte, ça touche directement à notre identité d'insulaires", tempête M.Chauvet.

Quant au maire de l'île, Bruno Noury, il est tout aussi indigné : "Les prises accessoires de requin-taupe de la pêcherie espagnole à l'espadon dépassent allègrement nos quantités pêchées et surtout leur quota, qui lui, n'est jamais fermé. A n'en pas douter, eux continueront d'en pêcher puisqu'il s'agit de prises accessoires."

Néanmoins, les pêcheurs espèrent le maintien en 2010 d'une pêche de faible ampleur, environ 10 tonnes, à des fins scientifiques.
En 2009, le TAC (taux admissible de capture) pour l'Union européenne était de 436 tonnes dont 248 pour la France, précise le comité national des pêches (CNPMEM).

L'île d'Yeu a négocié 210 tonnes, les 38 tonnes restantes "représente donc uniquement des prises accessoires fréquentes tout le long de la façade atlantique. Avec la décision de la commission pour 2010 (TAC zéro), ces prises accessoires, qui ne pourront plus être déclarées et qui sont inévitables, seront rejetées à la mer, mortes", prévient le CNPMEM.