http://www.futura-sciences.com/fr/news/t/zoologie/d/les-oceans-menaces-par-les-meduses_19581/

Pourquoi les méduses se mettent-elles parfois à proliférer ?

A cause de la surpêche, du réchauffement et de la pollution organique générant des eutrophisations, expliquent aujourd'hui des océanographes australiens.

Paisibles cnidaires à symétrie radiaire, qui ne peuvent donc pas nager autrement que dans le plan vertical, telles des montgolfières, mangeuses de plancton et de petits poissons, les méduses, parfois, se mettent à proliférer dans une zone restreinte de l'océan. Ces pullulations entraînent, outre des coûts économiques et sociaux importants, un sérieux danger pour les baigneurs. Ainsi en 2006, les plages de Cannes ont connu une prolifération importante de Pelagia noctiluca avec un impact négatif certain sur le tourisme, un évènement qui s’est reproduit les années suivantes dans une moindre mesure.

Durant les dernières années, d’autres pullulations de méduses ont été enregistrées en Méditerranée, en Irlande, dans le Golfe du Mexique, en Mer Noire et en Mer Caspienne, à l’Est des Etats-Unis ainsi que le long des côtes extrême-orientales. Mais le cas le plus spectaculaire a été l'envahissement des côtes du Japon par l’espèce Nomura, qui peut atteindre deux mètres de diamètre pour un poids de 200 kg.

Anthony Richardson, de l’université du Queensland, ainsi que ses collègues de l’université de Miami entre autres, viennent de publier un rapport dans le cadre des World Oceans Days, repris sur le site du CISRO (Commonwealth Scientific and Industrial Research Organisation), décrivant de quelle façon l’activité humaine pouvait provoquer ces proliférations.

Moins de prédateurs et davantage de nourriture « La population piscicole maintient en temps normal le nombre de méduses en équilibre par le jeu de la prédation, mais une exploitation trop intensive peut rompre cet équilibre », estime Anthony Richardson. Et de citer l’exemple récent du sud de la Namibie, où une pratique de la pêche trop intensive a décimé les stocks de sardines, au plus grand bonheur des méduses.

De même, on se rappelle que la prolifération constatée à Cannes en 2006 avait été, au moins partiellement, attribuée à la réduction suite à la surpêche du thon blanc, grand prédateur de la méduse blanche Pelagia.

Selon ces auteurs, une autre cause est le rejet en mer de résidus de matière organique (engrais ou aliments). S'ajoutant au réchauffement, il provoque des booms planctoniques, augmentant ainsi la manne nourricière des méduses. C'est l'effet classique de l'eutrophisation, qui affecte nombre de régions côtières.

« Les preuves semblent s’accumuler d’un possible renversement des écosystèmes marins d’une domination par les poissons par une domination par les méduses », affirme Anthony Richardson, qui insiste sur les conséquences écologiques, économiques et sociales d’une telle situation.