Course de vitesse des scientifiques pour recenser le monde sous-marin

Lundi 19 novembre 2007, 16h51
Engagés dans une course contre la montre face au déclin des stocks de poissons et à l'impact du réchauffement climatique, des scientifiques du monde entier ont entrepris un recensement des espèces de nos océans, encore partiellement méconnues mais d'ores et déjà en danger.
La semaine dernière à Auckland en Nouvelle-Zélande, 200 des quelque 2.000 chercheurs qui participent à ce recensement de la vie marine dans 80 pays, ont mis en commun leurs travaux.
L'objectif du programme qui doit s'achever en 2010 est d'explorer des zones jusqu'alors méconnues, des montagnes sous-marines aux grandes profondeurs, à plusieurs centaines de mètres sous la glace de l'Antarctique.
"Le recensement va nous procurer un point de repère objectif, à partir duquel les changements futurs de la vie marine pourront être évalués", a déclaré Michael Stoddart, scientifique australien, chargé des travaux en Antarctique.
Actuellement, environ 230.000 espèces marines sont connues sur un volume estimé entre 1,4 et 1,6 million. Au rythme de l'étude, il faudrait 881 années pour parvenir à un inventaire complet, a estimé Dennis Gordon, de l'Institut national néo-zélandais de recherche sur l'eau et l'atmosphère.
Jusqu'alors, 17 études, dont les sujets varient des minuscules bactéries marines aux plus grands prédateurs de l'océan, ont permis la découverte de plus de 5.300 nouvelles formes de vie marine.
Fastidieux mais indispensable, le travail des scientifiques a notamment permis de découvrir l'existence d'un crabe velu, baptisé "yéti", ou encore de mieux connaître les itinéraires migratoires des requins blancs sur la côte californienne. Au printemps, les squales traversent le Pacifique jusqu'à Hawaï, avant de rejoindre le continent américain en automne.
L'étude de 22 otaries californiennes qui ont de manière tout à fait inhabituelle migré loin dans l'océan Pacifique ces dernières années, en raison d'une hausse de la température de l'eau, a quant à elle apporté des éléments de réponse à la réaction de la faune marine au réchauffement climatique.
Selon M. Stoddart, c'est en Antarctique, où 18 expéditions sont en préparation, que les bouleversements dus au réchauffement climatique sont les plus patents.
"Il y a pour nous une urgence encore plus forte à travailler sous les latitudes de l'extrême sud", a-t-il souligné.
Heike Lotze, de l'Université Dalhousie au Canada, estime qu'environ 7% des espèces ont déjà disparu des zones d'estuaires et que 36% ont perdu plus de 90% de leur population d'origine.
"L'exploitation humaine est la principale cause des extinctions, viennent ensuite la perte d'habitat et la pollution", selon le chercheur.
Les responsables de ce recensement, dont la première phase s'achève en 2010, ont également lancé un appel à Auckland pour trouver des financements, afin de réaliser une seconde phase, jusqu'en 2020

http://www.linternaute.com/actualite/depeche/afp/20/427769/course_de_vitesse_des_scientifiques_pour_recenser_le_monde_sous-marin.shtml