BRUXELLES (AFP) — Les ministres européens de la Pêche ont décidé mardi 28 novembre de durcir un plan de sauvegarde du thon rouge, en introduisant l'obligation pour chaque Etat de présenter des plans de pêche très détaillés avant chaque campagne dans l'espoir de prévenir des dérapages.

Réunis à Bruxelles, ils ont formalisé un engagement déjà pris sur le principe en juin sur ce plan de sauvegarde, qui court sur 15 années. Il est le fruit d'efforts déployés au niveau international dans le cadre de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (CICTA).

Comme cela avait été annoncé il y a cinq mois, il est prévu de réduire progressivement les quotas de pêche, de limiter les sorties en mer à six mois dans l'année, d'augmenter de 10 à 30 kg la taille minimale des prises, afin de laisser aux thons le temps de se reproduire, et de renforcer les contrôles.

L'objectif est de tenter de freiner la baisse rapide en Méditerranée et dans l'Atlantique des stocks de cette espèce très prisée des consommateurs avec la mode des "sushis" en particulier.

Les ministres de la Pêche y ont ajouté une mesure supplémentaire, qui avait été proposée récemment par le Parlement européen: l'obligation dès le début de l'année prochaine pour tous les Etats de l'UE de présenter à la Commission européenne avant le début de la saison des "plans de pêche".

"Concrètement, ils devront dire d'ici fin janvier comment ils comptent répartir les quotas nationaux qui leur sont alloués, bateau par bateau pour les gros navires de plus de 24 mètres, et par groupes de chalutiers pour les plus petits", a précisé un diplomate européen ayant participé aux discussions.

"L'objectif est de permettre à la Commission de vérifier si les plans sont réalistes" pour prévenir la surpêche en fin de saison, a-t-il ajouté.

L'Union européenne a en effet une nouvelle fois dépassé cette année son quota, d'environ 4.000 tonnes, la France étant le principal responsable. La pêche a dû être prématurément fermée.

Lors de sa dernière conférence annuelle, qui s'est terminée le 18 novembre, la CICTA a fait preuve de fermeté en demandant à l'Union européenne de "rembourser" intégralement sa surpêche de 2007, alors que dans le passé elle avait souvent passé l'éponge.

Les pays européens le feront sur trois ans à partir de 2009, période pendant laquelle leurs quotas seront donc amputés de ces mêmes 4.000 tonnes. Il reviendra à la Commission de faire la répartition par pays, sans doute en début d'année prochaine, ce qui promet des discussions délicates.

"Les pays européens sont sous pression pour serrer les boulons car sinon la pression en faveur d'un moratoire total sur la pêche au thon va grandir", a souligné le diplomate européen.

"Le thon rouge pourrait en effet finir par être inscrit à la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction, ndlr) ce qui imposerait de très fortes restrictions", a-t-il ajouté.