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le jeudi 22 mars 2007

moules

L'océan absorbe la moitié des émissions de gaz carbonique. Ce phénomène rend l'eau de mer plus acide. Une équipe de chercheurs ont mesuré les conséquences de l'acidification de l'océan sur le développement des huîtres et des moules. Les résultats montrent que l'augmentation de l'acidité de l'eau de mer modifie la croissance des coquilles ces mollusques.

Moules et huîtres menacées par l'acidification des océans


Depuis le début de l'ère industrielle, l'océan a absorbé environ la moitié des émissions anthropiques(1) de gaz carbonique (CO2) dans l'atmosphère, entraînant une acidification de l'eau de mer. Frédéric Gazeau, chercheur à l'Institut Néerlandais d'Écologie et ses collègues dont Jean-Pierre Gattuso, directeur de recherche au laboratoire d'Océanographie de Villefranche-sur-mer (CNRS/Université Pierre et Marie Curie) ont examiné la réponse des huîtres et des moules cultivées en Europe à cette acidification des océans. Les résultats, publiés dans la revue Geophysical Research Letters, sont sans appel : ils montrent pour la première fois que ces mollusques d'intérêt économique seront directement affectés par le bouleversement en cours de la composition chimique de l'eau de mer.

En février dernier, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) notait que le réchauffement de notre planète résultait “très vraisemblablement” du rejet de gaz à effet de serre par les activités humaines et soulignait que les changements climatiques s'accentueraient au cours du 21ème siècle si les émissions étaient maintenues au rythme actuel ou à un rythme supérieur. Chaque jour, plus de 25 millions de tonnes de gaz carbonique se combinent avec l'eau de mer, la rendant plus acide. L'augmentation des émissions de CO2 atmosphérique suit une courbe exponentielle. Ainsi, durant le siècle à venir l'acidification des océans risque de se poursuivre à une vitesse au minimum 100 fois supérieure à toute variation naturelle depuis au moins 600 milliers d'années. L'impact de ce phénomène sur les organismes et les écosystèmes marins a longtemps été ignoré par la communauté scientifique. Depuis une dizaine d'années, plusieurs travaux conduits par des chercheurs allemands, américains et français du CNRS ont montré que l'acidification des océans rendait plus difficile la fabrication de calcaire par les organismes marins tels que les coraux, les algues ou le phytoplancton mais aucune étude n'avait encore été menée sur des mollusques d'intérêt commercial.

Moules
Ces moules du bassin d'Arcachon sont utilisées comme indicateurs biologiques du taux de pollution industrielle ou agricole en milieu aquatique. En effet, la biologie peut, en déterminant et en analysant le mécanisme enzymatique que déclenche l'organisme soumis à une substance toxique, détecter rapidement le polluant.
© CNRS Photothèque / GARRIGUES, Philippe