http://www.science.gouv.fr/index.php?qcms=article,view,2555,,159,4,,,,
le jeudi 22 mars 2007
L'océan absorbe la moitié des
émissions de gaz carbonique. Ce phénomène rend l'eau de mer plus acide. Une
équipe de chercheurs ont mesuré les conséquences de l'acidification de l'océan
sur le développement des huîtres et des moules. Les résultats montrent que
l'augmentation de l'acidité de l'eau de mer modifie la croissance des coquilles
ces mollusques.
Depuis le début de l'ère industrielle, l'océan a absorbé environ la moitié des
émissions anthropiques(1) de gaz carbonique (CO2) dans l'atmosphère,
entraînant une acidification de l'eau de mer. Frédéric Gazeau, chercheur à
l'Institut Néerlandais d'Écologie et ses collègues dont Jean-Pierre Gattuso,
directeur de recherche au laboratoire d'Océanographie de Villefranche-sur-mer
(CNRS/Université Pierre et Marie Curie) ont examiné la réponse des huîtres et
des moules cultivées en Europe à cette acidification des océans. Les résultats,
publiés dans la revue Geophysical Research Letters, sont sans appel : ils
montrent pour la première fois que ces mollusques d'intérêt économique seront
directement affectés par le bouleversement en cours de la composition chimique
de l'eau de mer.
En février dernier, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du
climat (GIEC) notait que le réchauffement de notre planète résultait “très
vraisemblablement” du rejet de gaz à effet de serre par les activités humaines
et soulignait que les changements climatiques s'accentueraient au cours du
21ème siècle si les émissions étaient maintenues au rythme actuel ou à un
rythme supérieur. Chaque jour, plus de 25 millions de tonnes de gaz carbonique
se combinent avec l'eau de mer, la rendant plus acide. L'augmentation des
émissions de CO2 atmosphérique suit une courbe exponentielle. Ainsi,
durant le siècle à venir l'acidification des océans risque de se poursuivre à
une vitesse au minimum 100 fois supérieure à toute variation naturelle depuis
au moins 600 milliers d'années. L'impact de ce phénomène sur les organismes et
les écosystèmes marins a longtemps été ignoré par la communauté scientifique.
Depuis une dizaine d'années, plusieurs travaux conduits par des chercheurs
allemands, américains et français du CNRS ont montré que l'acidification des
océans rendait plus difficile la fabrication de calcaire par les organismes
marins tels que les coraux, les algues ou le phytoplancton mais aucune étude
n'avait encore été menée sur des mollusques d'intérêt commercial.
Ces moules du bassin d'Arcachon sont utilisées comme indicateurs biologiques
du taux de pollution industrielle ou agricole en milieu aquatique. En effet, la
biologie peut, en déterminant et en analysant le mécanisme enzymatique que
déclenche l'organisme soumis à une substance toxique, détecter rapidement le
polluant.
© CNRS Photothèque / GARRIGUES, Philippe