Un 8ème continent... de déchets ! La nouvelle est
tombée sur les téléscripteurs: on ne le savait pas mais la terre
possède un nouveau continent! Pas un issu de la fameuse dérive
imaginée par Wegener au début du siècle, non un continent bien à son
image actuelle. C’est plutôt un île qu’un continent, d’ailleurs,
mais comme le débat sur l’Australie ne sera jamais clos, on va dire
pour aujourd’hui encore "continent". Il est situé entre la
Californie et Hawaï, et il est plus grand que l’Afghanistan ou la
Somalie.
Comme tout
continent, on lui a attribué un nom : la "Grande Plaque de
Déchets du Pacifique", car ce n’est rien d’autres qu’un
amoncellement de détritus divers, polyester, plastiques et autres
déchets, de 3,5 millions de tonnes évaluées, représentant environ
3,3 millions de déchets différents par
km2. Ce continent est destiné à s’accroître régulièrement, car
il tourne sur lui-même, entraîné dans un gigantesque vortex plus
connu sous le nom de
NorthPacificGyre (le grand tourbillon
nord-pacifique).
En fait, c’est un peu le remake moderne du
monde perdu : personne ne s’y intéresse, en fait, pas un seul
scientifique, ou presque. Il sent mauvais, c’est vrai, mais ce n’est
pas un raison pour ne pas l’étudier.En fait il n’y a pas assez de
vent pour les bateaux à cet endroit, pas assez de poisson pour
attirer les pêcheurs et aucune route commerciale qui le traverse...
Alors tout le monde l’évite, et il continue à tourner tranquillement
à son rythme en attrapant au passage tous les déchets qu’il peut.
Logiquement, à ce rythme, il devait faire la taille de l’Afrique
avant la fin du siècle. Comme le dit Marcus Eriksen, le responsable
de l’
Algatita Marine Research Foundation, "c’est un environnement
parfait pour piéger tout ce qui flotte à la surface". A force
de s’entrechoquer, les bouteilles plastiques se dégradent et
finissent en petits morceaux, mais ce n’est pas pour autant que le
plastique disparaît : il reste là, à
tournoyer indéfiniment au dessus de la surface. Comme les
morceaux peuvent représenter un abri pour une flore ou une faune,
des êtes vivants s’y incrustent... et absorbent des centaines
de fois les doses normales de DDT qu’elles devraient absorber.
Résultat : elle mutent, et le 8eme continent devenant bien cette
fois le continent perdu et ses monstres. Comme c’est un continent,
les pélicans l’utilisent aussi comme aire d’atterrissage. Les
tortues marines, par le dessous, s’y abritent des tempêtes ou des
courants. Tout ce petit monde se cancérise rapidement, à marcher ou
nager au milieu de ces surdoses à peine diluées. Récemment, les
scientifiques ont rendu leur verdict : impossible de l’éliminer, il
est devenu... trop grand .. Ce serait trop coûteux ! Et pire
encore : quel pays s’en chargerait ? Celui qui a le plus
d’étiquettes de produits par km2 ? Vous vous voyez retourner à la
main la Somalie par morceau de 2 cm2 pour vérifier d’où viennent ces
déchets ? Au pire, il faut laisser faire. A la fin du siècle, c’est
grand comme l’Afrique, et avant la fin du XXII eme on marche à pied
sec du Japon à la Californie sur la
mer de plastique . En fait , voilà le problème des pêcheurs et
de la pêche résolu. Un de moins . La planète avance... l’écologie et
le respect de l’environnement, pas sûr... Selon une étude des
Nations Unies, en juin 2006, tous les 2,5 km2, on trouve déjà 46 000
morceaux de plastique. Notre société fabrique 60 milliards de tonnes
de plastique chaque année. Bientôt, le 9eme continent ?
En France, ou on a des idées à la place du pétrole,
on a pas encore de maëlstrom en face du Finistère. Mais on sait
faire des montagnes avec des bulldozers. A Entressen, près de
Marseille, des bulldozers s’ingénient à enfouir des déchets depuis
des années. Sur 80 hectares, s’entassent 460 000 tonnes d’ordures
par an. Pour remplacer cette décharge, on envisage un
incinérateur... qui, on le sait, produit de la dioxine. Oui,
mais là, promis, y’en aura moins. J’en vois déjà regretter toute la
poésie de ces envolées de
sacs plastiques multicolores.. Ou avoir l’idée comme les
anglais d’y tourner des
jeux télévisés. On attendra pas c’est sûr, le
cas italien : là-bas, on s’est aperçu que ça pouvait être
rentable, un décharge ; Oh, pas pour tout le monde, disons pour
certains. Au pied du Vésuve... on a un beau vortex terrestre...
Alors, demain, on
attend de traverser la Méditerranée aussi à pied sec ? Ou on
décide de faire attention un peu plus dès maintenant ?
http://www.naturavox.fr/article.php3?id_article=2725