Nations Unies, Paris, International — Le 23/11/06 - Les négociations
pour décider d'un moratoire sur le chalutage de grands fonds ont été
sabotées aujourd'hui par une poignée de pays emmenés par l'Islande, qui
mettent l'intérêt de quelques pêcheurs au dessus des besoins d'autres
pays, des conclusions de scientifiques et des organisations écologistes.

«/ L'accord final est plus mité qu'un pull marin/, indique de New York
Karen Sack, conseillère politique de la campagne Océans de Greenpeace
International,/ c'est le statu quo destructif qui a été privilégié comme
outil de gouvernance des océans. La communauté internationale devrait
manifester son indignation envers l'Islande qui, à elle seule, a réussi
à faire couler ce moratoire pour la protection des grands fonds marins
qui devait assurer la sécurité alimentaire des générations futures.
L'Islande ne doit pas être fière, tout comme les autres états qui ne se
sont pas levé pour faire entendre la voie de la protection pour le futur
des océans. /»

Alors que de nombreux pays, parmi lesquels l'Australie, la Nouvelle
Zélande, les états insulaires du Pacifique, les Etats Unis, le Brésil,
l'Inde, l'Afrique du Sud, l'Allemagne et la France, et finalement même
le Canada et la Communauté européenne soutenaient le moratoire sur le
chalutage de grands fonds, le compromis s'est fait sur le plus petit
dénominateur commun, et donc le plus pauvre.

Pourtant récemment, une étude scientifique alarmiste prévoyait la
disparition des espèces commerciales de la planète à l'horizon 2050 ^1 .
De plus, de nouvelles données économiques font ressortir que les
chalutiers de grands fonds ne sont rentables que grâce aux nombreuses
subventions qu'ils reçoivent ^2 .

«/ Les nations qui se sont opposées au moratoire sur le chalutage de
grands fonds doivent se rendre compte que ce statu quo n'est absolument
pas positif pour leur industrie. Les ressources des océans ne sont pas
infinies et l'exploitation des ressources de grands fonds ne peut pas
continuer à ce rythme/, déclare Aurèle Clémencin, chargé de campagne
Océans de Greenpeace France./ La communauté internationale ne peut se
contenter de voir les océans pillés par des flottilles sans foi ni loi.
Une approche radicalement différente est nécessaire pour protéger la vie
marine. /»

Les pays favorables au moratoire doivent se saisir de l'opportunité que
représente la résolution sur les pêcheries, qui sera votée le 7 décembre
prochain, pour protéger les habitats vulnérables, en restreignant
l'accès au marché des espèces de grands fonds et en appelant à la
création d'un réseau global de réserves marines qui doit couvrir
l'ensemble des océans de la planète.

Cette prise en otage d'une décision internationale par un seul pays ne
doit pas se répéter à Dubrovnik où les états membres de la Commission
Internationale pour la Conservation des Thonidés de l'Atlantique doivent
prendre des mesures drastiques d'urgence pour la conservation de cette
espèce. La France aura là une responsabilité prépondérante dans le poids
des positions européennes sur les mesures de restriction à prendre.

1. Worm et al. 2006. Impacts of biodiversity loss on ocean ecosystem
services. Science vol.314. 3 November 2006

2. Assoc. Prof Rashid Sumalia, lead author of the study « Catching more
bait: A bottom up re-estimation of global fisheries subsidies »
disponible sur
http://www.fisheries.ubc.ca/publications/reports/14-6.pdf, chapitre 3)

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<http://www.greenpeace.org/france/news/la-protection-des-grands-fonds#>
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