Dubrovnik, Croatie — Le 27/11/06 - En dépit des alertes formulées sur la
destruction des stocks de thon rouge par Greenpeace, la Commission
Internationale de Conservation des Thonidés de l'Atlantique (ICCAT) mise
en place qui est censée le protéger a clairement choisi le clan de
l'industrie aux dépens des analyses scientifiques et du plus élémentaire
bon sens.

Elle a, en effet, accordé un volume total autorisé de captures (29500
tonnes dès l'an prochain et 25 000 tonnes en 2010) équivalant au double
recommandé par son propre comité scientifique (15 000 tonnes dès l'an
prochain).

L'Union Européenne, sous la pression de la France et de l'Italie, a,
tout au long des négociations de cette session 2006, torpillé les
recommandations des Etats-Unis de réguler le nombre de prises de thon
rouge chaque année.

La Commission a, de même, failli à s'accorder sur la période de repos
biologique durant la période la plus fertile et a bloqué les
propositions de créer un groupe de travail pour identifier les
responsables de pêche illégale.

«/ L'industrie des pêcheurs de thon rouge méditerranéen veut préserver
ses privilèges comme si de rien n'était/, déclare Sébastian Losada,
chargé de campagne Océans. /Ils vont ratisser les stocks et détruire
leur propre avenir. La Commission Européenne leur a donné carte blanche
pour exterminer un des poissons méditerranéens les plus porteurs de
valeur, tant économique, qu'historique et culturelle. /»

Dans le soi-disant « plan de redressement » proposé par l'Union
Européenne, la pression de pêches ne diminue que dans des proportions
insignifiantes, et la protection des spécimens en cours de reproduction
n'aura aucun impact significatif.

Après avoir ignoré les recommandations scientifiques selon lesquelles 15
000 tonnes au maximum devraient être extraites tous les ans, la
délégation européenne a également fait obstruction à l mise en place de
mesures destinées à mettre un terme à la pêche pirate.

Le thon rouge de Méditerranée connaît un des taux de pêche illégale les
plus élevé au monde, avec 50 000 tonnes de capture effective pour un
quota légal de 32 000.

«/ Ce plan ne laisse aucun espoir en matière de redressement du stock/,
s'insurge Stéphan Beaucher, responsable de campagne Océans pour
Greenpeace France./ Il n'a d'autre objet que de soutenir la filière de
la pêche industrielle et de l'engraissement, celle-ci n'ayant aucune
vision à long terme.
De plus, ce plan offre sur un plateau une amnistie totale pour tous les
dépassements de quotas et de pêche illégale enregistrés ces dernières
années, et constitue, de fait, une sentence de mort pour le thon rouge
en Méditerranée. /»

L'état du stock méditerranéen constitue en outre une illustration très
claire de l'échec de la gouvernance et des Organisations Régionale des
Pêcheries (ORP) pour mettre en place des schémas durables de gestion des
ressources marines, alors même qu'elles en revendiquent la responsabilité.